La ville de New York a accepté de verser 26 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites intentées contre Muhammad A. Aziz et Khalil Islam. Ces deux hommes étaient accusés de l’assassinat de Malcolm X en 1965. L’année dernière, leurs condamnations ont été annulées par un juge suite à la découverte de graves erreurs judiciaires.
Muhammad A. Aziz et Khalil Islam ont chacun passé plus de 20 ans en prison après avoir été arrêtés précipitamment et jugés sur la base de preuves douteuses dans l’un des meurtres les plus marquants de l’ère des droits civils. Les erreurs judiciaires commises dans leur affaire ont finalement été mises en lumière, conduisant à l’annulation de leurs condamnations.
Cette décision de verser une indemnisation de 26 millions de dollars est un pas vers la reconnaissance des injustices subies par Aziz et Islam, ainsi que des conséquences dévastatrices qu’ont eu sur leur vie ces erreurs judiciaires. Cela souligne également l’importance d’une justice équitable et du respect des droits fondamentaux dans le système judiciaire.
La disculpation de Muhammad A. Aziz en novembre dernier, et celle de Khalil Islam à titre posthume, a eu lieu dans un contexte marqué par des allégations persistantes de racisme et de discrimination au sein du système de justice pénale. Ces questions ont suscité des protestations nationales et ont alimenté un débat politique sur la nécessité de réformes.
Une enquête de 22 mois met fin aux condamnations de Muhammad A. Aziz et Khalil Islam
L’annulation des condamnations des hommes a été rendue possible grâce à une enquête de 22 mois menée par le bureau du procureur du district de Manhattan, dirigé par Cyrus R. Vance Jr., ainsi que par les avocats des deux hommes.
Cette enquête a révélé que les procureurs, le Federal Bureau of Investigation (FBI) et le département de police de New York avaient retenu des preuves clés qui, si elles avaient été présentées à un jury, auraient probablement conduit à leur acquittement.
« Cet accord apporte une certaine mesure de justice à ces hommes qui ont passé des décennies en prison et ont été stigmatisés à tort pour le meurtre de cette figure emblématique », a déclaré Nick Paolucci, porte-parole du département juridique de la ville de New York, dans un communiqué.
L’accord conclu sera réparti à parts égales entre Muhammad A. Aziz, libéré en 1985 à l’âge de 84 ans, et Khalil Islam, libéré en 1987 et décédé en 2009 à l’âge de 74 ans, ont déclaré David B. Shanies, l’avocat des deux hommes, et M. Paolucci.
M. Shanies a souligné que cet accord revêtait une importance considérable, non seulement en raison de la nature historique du crime sous-jacent et du degré d’incompétence et d’injustice du gouvernement, mais surtout parce qu’il a fallu plus de 50 ans pour réparer cette injustice, plus d’une décennie après le décès de M. Islam.
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« C’est tragique qu’il soit mort sans savoir que son nom serait enfin totalement blanchi pour cet odieux crime », a déclaré M. Shanies. « Ainsi, compte tenu de l’importance de l’affaire et de la durée immense de cette condamnation injustifiée, il était important que le gouvernement agisse rapidement afin d’y remédier. »
“L’innocence des deux hommes étaient tout à fait évidentes”
Barry Scheck, co-fondateur du projet Innocence, ainsi que Deborah I. François, avocate, ont représenté Muhammad A. Aziz et la famille de Khalil Islam dans les poursuites. Ils ont également collaboré avec le bureau du procureur Cyrus R. Vance Jr. dans l’enquête qui a conduit à l’annulation des condamnations.
Barry Scheck a souligné que des doutes persistent depuis longtemps quant à la culpabilité des deux hommes, déclarant : « Il était évident qu’ils étaient innocents. Il avait été établi depuis longtemps que ces deux hommes avaient été injustement condamnés. »
« Il aurait dû y avoir une conclusion à cette affaire il y a des décennies », a ajouté M. Scheck, qui a travaillé sur l’enquête avec sa collègue Vanessa Potkin.
Au fil des années, la ville de New York a versé des millions de dollars pour mettre fin à des poursuites liées à des condamnations et des incarcérations injustes. En 2014, la ville a versé 41 millions de dollars à cinq hommes dont les condamnations avaient été annulées. Ils avaient été accusés à tort d’avoir battu à mort et violé une joggeuse à Central Park en 1989. Ces affaires mettent en lumière les graves conséquences des erreurs judiciaires et soulignent l’importance de veiller à ce que le système de justice pénale soit équitable et respecte les droits fondamentaux de tous les individus.
Source : The New York Times