En 1950, Jean de Heinzelin, un chercheur belge de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, a été envoyé en mission par les Parcs Nationaux Belges pour effectuer des fouilles à Ishango, une terrasse fossile de la rivière Semliki à l’embouchure du lac Edouard (Congo). Le site avait déjà été exploré en 1935 par d’autres chercheurs, qui avaient découvert des harpons en os et une mandibule d’hominidé. Cependant, lors des fouilles de de Heinzelin et de son équipe, deux tranchées perpendiculaires ont été creusées, mettant au jour une grande variété d’artefacts.
Parmi les objets trouvés se trouvait le fameux « bâton d’Ishango », un os allongé gravé de séries d’encoches selon un rythme ordonné. Cet objet était unique parmi les découvertes faites à Ishango, et a donc suscité beaucoup d’intérêt et de débats quant à sa signification. D’autres découvertes incluaient des outils en quartz blanc translucide, des harpons en os, des coquillages, des os animaux, et des pierres taillées. L’ensemble des objets suggère l’existence d’une culture développée à Ishango.
Le batôn d’Ishango serait-il le plus vieil objet mathématique de l’humanité?
Le bâton d’Ishango, est un petit os avec des encoches régulièrement espacées réparties sur trois colonnes qui fascine les archéologues. Bien que son utilisation précise reste un mystère, de nombreux chercheurs ont émis l’hypothèse que ce bâton pourrait être le plus ancien objet mathématique connu.
Les groupes de traits incisés sur le bâton pourraient être interprétés comme des énumérations simples, mais il n’y a pas de règle absolument régulière qui permettrait de confirmer cette hypothèse. Cependant, les relations arithmétiques mises au jour laissent penser qu’il s’agit d’un objet à visée mathématique.
Les encoches sur le bâton ont été intentionnellement regroupées et suggèrent des connaissances mathématiques avancées. Les résultats de l’analyse mathématique de l’objet suggèrent que les Bantous de cette époque maîtrisaient les suites arithmétiques, les duplications, les multiplications et les soustractions, ainsi que la connaissance des nombres premiers.
Il est également intéressant de se demander comment ces connaissances mathématiques se sont diffusées vers d’autres régions. Les harpons découverts en même temps que le bâton offrent quelques indices, mais cela reste sujet à interprétation. Il est possible que ces connaissances aient été transmises le long du Nil, vers des régions comme l’Egypte.
Cependant, il convient d’être prudent avec cette hypothèse. Bien qu’elle soit intrigante, elle nécessite des preuves supplémentaires pour être confirmée. Cela montre cependant que les mathématiques ont une longue histoire et ont été développées par des cultures à travers le monde, ce qui est fascinant en soi.
Où se trouve-t-il aujourd’hui?
Le bâton d’Ishango est aujourd’hui exposé à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, à Bruxelles. Il se trouve dans l’aile Janlet, salle des Iguanodons.
Depuis 2011, une réplique du bâton d’Ishango haute de 7 mètres trône sur la place de la Monnaie, devant l’opéra de Bruxelles. Au pied de cette statue, une plaque présente l’artefact comme un « véritable trésor scientifique »
