Après la qualification de la haïtienne de football ce matin pour les demi-finales de la Coupe du monde des amputés, les réseaux sociaux s’affolent en Haïti avec Tarah Ernest, une pilote haïtienne, qui a opéré ce jeudi 6 octobre son premier vol vers son alma mater, 24 ans après l’avoir quitté.
Une réalisation insignifiante, disent certains. Etre femme et noire dans l’aviation, est déjà extraordinaire selon les statistiques. Etre haïtienne aux commandes d’un avion de ligne aux Etats-Unis, en fait un véritable exploit.
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Tarah Ernest dirige son premier vol vers sa telle natale
Arrivée à l’aéroport international Toussaint Louverture, sous les applaudissements de plusieurs passagers fiers d’elle, Tarah a souligné avoir 14 ans depuis qu’elle a commencé à piloter et que c’est la première fois qu’elle effectue un vol de Miami vers Port-au-Prince.
« Aujourd’hui c’est un jour très spécial pour moi. Je suis originaire d’Haïti. J’ai quitté le pays en 1998. J’avais pris la décision de devenir pilote en 2018 et aujourd’hui j’ai la chance, pour la première fois d’opérer sur un vol depuis Miami vers Port-au-Prince, la ville d’où je viens.”
S’est-elle réjouie sous les applaudissements des passagers.
« Je sais que la situation du pays n’est pas favorable à la célébration mais j’espère que cela ne vous empêchera pas de célébrer ce moment avec moi. » A-t-elle ajouté, avant d’indiquer qu’elle était l’officier qui dirige le vol. « Rentrons chez nous ! »
Tarah Ernest a laissé Haïti en 1998
C’est dans un Boeing 737 que Tarah Ernest a fait son premier vol en tant que pilote en direction d’Haïti. Les haïtiens ne cachent pas de montrer leur fierté en ce moment sur les réseaux sociaux. Des vidéos d’une Tarah Ernest, fière, souriante et émotive en train d’accueillir les passagers et de passer des consignes, raconter son histoire en créole pour célébrer le départ de son premier vol de Miami vers Haiti, sont reprises sur de multiples comptes et pages.
Envahie d’émotions, on la retrouve toute souriante en train de fêter cet instant magique, tantôt en compagnie des passagers du vol, tantôt avec le personnel de l’aéroport international de Toussaint Louverture, à Port-au-Prince et à chaque fois, elle ne prive pas l’audience de son histoire qui provoque applaudissements et félicitations.
Tarah Ernest et son rêve de devenir pilote de fusée
Elle raconte avoir laissé Haïti en 1998 pour aller vivre aux Etats-Unis. En 2018, elle décide de devenir pilote de ligne et intègre une formation. 4 ans plus tard, la voilà aux commandes d’un appareil à destination d’Haiti, son pays d’origine.
Dans son « à propos » sur Instagram, Tarah indique qu’elle rêve de devenir pilote de fusée.
Alors que sur les réseaux sociaux, elle est couverte d’éloges et que beaucoup voient dans son parcours une histoire inspirante, certains « rabat-joie » n’ont pas raté l’occasion de se faire remarquer en traitant sa réalisation d’insignifiante.
Quelles sont les chances pour une femme noire d’accéder à une telle fonction? Combien y’a t-il de pilotes d’origine haïtienne dans l’aviation aux Etats-Unis et dans le monde ? Quelles sont les chances pour qu’une femme d’origine haïtienne devienne pilote de ligne ?
Autant de questions que l’on pourrait ce poser et à ce propos, Jephté Lalane réagit dans une publication sur son compte avec les commentaires suivants :
Je regardais ce matin, un documentaire sur l’accident tragique de la navette Columbia et l’histoire de Kalpana Chawla, première femme d’origine indienne à aller dans l’espace a particulièrement capté mon attention : Un grand nombre d’indiens était resté éveillé pour suivre son premier vol STS87, les voisins de son village avaient même décoré sa maison.
Source : Indo-US astronaut follows Kalpana’s footstepsA date des satellites, astéroïdes et des cratères sur la lune portent son nom. Si elle – Tarah Ernest – réalise son rêve, disons piloter un vaisseau vers l’ISS et si je raisonne comme certains, il n’y aurait pas de quoi être fiers en Haïti, aller sur l’ISS est devenu ordinaire (111 vols à date).
En parler ou pas ? A vous d’en juger. Mais je préfère vulgariser ce fait, nul ne sait combien de marginalisés – noirs, jeunes-filles qui seront inspirés à défier les statistiques en suivant son modèle.
Une réalisation Insignifiante pour certain? Le métier de pilote de ligne pas particulièrement accessible aux femmes et encore moins aux femmes noires
De l’avis de certains, il n’y a pas de quoi occuper les réseaux sociaux, piloter un avion est devenu ordinaire. Devrait-on être fier ou pas ?
Les chiffres de 2020 du « U.S. Bureau of Labor Statistics » témoignent de 3.4% de noirs parmi les 155,000 pilotes d’avion et mécaniciens navigant aux Etats-Unis. En ce qui concerne les femmes, elles ne représentaient que 5.6% de cette population avec seulement 1% de noires.
Cette réalisation de Tarah Ernest, peut vous paraitre insignifiante, mais les femmes peinent aujourd’hui encore à s’imposer dans les cockpits des avions de ligne. Si quelques pionnières ont joué un rôle important dans l’histoire de l’aviation, la proportion de pilotes de sexe féminin aujourd’hui ne tourne qu’autour de 10 % dans les meilleurs des cas au sein des compagnies aériennes ; mais elle est parfois proche de zéro – notamment dans certaines compagnies asiatiques, qui se refusent à féminiser leurs équipages.
Air France, par exemple, se classe plutôt au-dessus de la moyenne avec quelque 300 femmes sur environ 3 800 pilotes.
La situation n’est guère différente dans les écoles de pilotage. « Nos promotions comptent autour de 10 % de femmes, indique Philippe Crébassa, directeur adjoint de l’Ecole nationale de l’aviation civile (ENAC) en France, qui dispense la formation (gratuite) de l’Etat et forme aussi des « cadets » étrangers.
Depuis quelques années, ce taux progresse légèrement, mais cela porte sur de tout petits effectifs. De façon générale, la représentation du métier demeure très masculine. » Le concours d’entrée à l’ENAC n’est d’ailleurs ouvert aux femmes que depuis 1973. (Le difficile parcours des femmes pilotes de ligne)