L’Université de Montréal (UdeM) a nommé l’entrepreneur Frantz Saintellemy au poste de chancelier. À 48 ans, il est non seulement la plus jeune personne à occuper ce poste mais aussi la première personne issue d’une minorité culturelle à détenir un titre similaire au Québec.
C’est quelqu’un qui a très bien réussi. Il est actuellement président et chef de l’exploitation de l’entreprise québécoise LeddarTech inc., une start-up technologique qui utilise l’intelligence artificielle et des algorithmes pour développer des solutions d’aide à la conduite. Il est également le fondateur du Groupe 3737, un centre d’innovation et de diversité entrepreneuriale situé dans le quartier Saint-Michel de Montréal.
Saintellemy a grandi dans le quartier Saint-Michel de Montréal. Il a fait ses études à la Northeastern University de Boston, au Massachusetts Institute of Technology de Cambridge et à l’Université McGill de Montréal.
« C’était ma première expérience à l’école ici. J’ai découvert des professeurs qui m’ont pris sous leur aile, qui m’ont adopté, m’ont permis de découvrir mon plein potentiel et qui m’ont encouragé à viser plus haut. J’ai une relation très profonde avec l’éducation en général.” A-t-il déclaré.
Frantz Saintellemy, le parcours de cet élève difficile
Frantz Saintellemy aime dire qu’il est une improbabilité statistique. Il a passé sa vie à défier les pronostics qui prédisent un avenir sombre aux jeunes Noirs de quartiers défavorisés.
Né en Haïti, arrivé à Montréal à l’âge de 8 ans, élevé par une mère monoparentale qui gagnait durement sa vie comme couturière, peu de gens auraient misé sur ses chances de réussite, et pourtant, il est aujourd’hui un scientifique de réputation internationale et un riche entrepreneur.
Frantz Saintellemy est aussi, à 48 ans, le plus jeune chancelier de l’Université de Montréal et la première personne noire à occuper cette fonction au Québec, – la deuxième au Canada.
Quand il est arrivé à Montréal, dans le quartier Saint-Michel, le jeune Frantz, qui ne parlait que créole, avait beaucoup de difficultés à l’école mais malgré que beaucoup ne croyaient pas en lui, un professeur, contrairement aux autres, a décidé de le prendre sous son aile.
“Ce professeur, Gérard Jeune, a cru en moi, il m’a pris dans sa classe régulière. J’ai vite appris le français et l’anglais.” Confie-t-il.
Après le cégep, ses performances scolaires lui permettent d’obtenir des bourses qui lui ouvrent les portes d’universités américaines. Il étudie d’abord en génie électronique et informatique à l’Université Northeastern à Boston, puis il fait un doctorat au prestigieux Massachusetts Institute of Technology.
Durant sa toute première année à Boston, il est recruté par le patron d’Analog Devices, un géant dans l’industrie des semi-conducteurs. Sa passion pour les micropuces lui fait gravir les échelons à la vitesse de l’éclair.
À Analog, il met sur pied une nouvelle division qui développe pour les automobiles des systèmes audiovisuels de qualité studio. Après seulement cinq ans, le chiffre d’affaires de cette division atteint 380 millions.
Il reviendra plus tard à Montréal pour fonder une famille avec la femme de sa vie, Vickie Joseph, une designer de mode qui deviendra aussi une partenaire en affaires.
Dans la métropole, il devient rapidement, à 28 ans, chef de la direction des technologies et premier vice-président de l’ingénierie de Future Electronics, où il contribue à multiplier le chiffre d’affaires de façon spectaculaire.
Par la suite, il devient lui-même entrepreneur à Dresden, en Allemagne, où il dirige ZMDI, – une firme de semi-conducteurs – qu’il sera forcé de vendre quatre ans après aux partenaires qui veulent empocher leur profit.
En 2017, Frantz Saintellemy laisse derrière lui un grand emploi dans la Silicon Valley pour prendre les rênes de LeddarTech, une entreprise en démarrage issue de l’Institut national d’optique de Québec. L’entreprise développe des micropuces et des capteurs visant à rendre les automobiles autonomes afin de réduire les accidents mortels.
Depuis quatre ans, le nombre d’employés de LeddarTech est passé de 30 à 215 personnes, en majorité des ingénieurs, et la valeur de l’entreprise est passée de 100 millions à plus d’1 milliard de dollars.
Le Groupe 3737
En 2012, l’ingénieur décide d’investir sa nouvelle fortune dans la transformation d’une usine de textile désaffectée au 3737 boulevard Crémazie dans le quartier Saint-Michel, à Montréal. Avec sa conjointe, il fonde le Groupe 3737, un incubateur d’entreprises qui aide des immigrants à devenir entrepreneurs.
Avec le Groupe 3737, il a réussi à aider près de 1000 immigrants à se lancer en affaires, – sa plus grande fierté. Il se réjouit aussi de l’impact que ses succès peuvent avoir sur les jeunes de Saint-Michel et de Montréal-Nord qui lui font souvent part de leur respect et de leur gratitude.
« Un jeune m’a dit : « Vous savez, quand on vient de Montréal-Nord, on a les stigmates de notre code postal, on a peur de dire qu’on vient de Montréal-Nord, mais vous, vous n’avez pas peur de dire que vous avez vécu à Montréal-Nord, à Saint-Michel, à Rivière-des-Prairies. Cela nous donne de l’espoir. » « Pour moi, c’est le plus beau cadeau que je puisse recevoir. » Dit Frantz Saintellemy.
Le Groupe 3737 a maintenant des filiales à Laval, Québec, Gatineau, Halifax, Calgary et deux en Ontario. Frantz Saintellemy est un chercheur passionné, qui a su mettre sa science au profit du plus grand nombre.
Source : Toronto Star