Quarante-six ans après sa mort, l’icône de la liberté, l’artiste Joséphine Baker devient ce mardi 30 novembre 2021, la première femme noire à être introduite au Panthéon de Paris pour y rejoindre les grandes figures françaises grâce à sa riche vie d’artiste de music-hall, de résistante et de militante antiraciste.
Jséphine Baker, la Première Femme Noire au Panthéon, à Paris
Freda Josephine McDonald, appelée plus tard de son nom de scène Joséphine Baker, a officiellement fait son entrée au Panthéon à Paris, dans cette ville qui lui avait rendu un dernier hommage le mardi 15 avril 1975 trois jours après son décès à l’hôpital où une « cardiopathie sévère » compliquée d’une « atteinte neurologique grave » ont tragiquement précipité son « final ».
« Me revoilà Paris » : l’une des plus célèbres chanson de Joséphine Baker a retenti ce mardi 30 novembre à 17 h 30 pour lancer la cérémonie solennelle consacrée à l’entrée de la diva afro au Panthéon, monument considéré comme « le temple laïc de la République », lui donnant une atmosphère de cabaret.
Une cérémonie en couleur, émouvante et très moderne. Le cénotaphe de Josephine Baker a remonté solennellement la rue Soufflot, plongée dans les projecteurs tricolores. Une panthéonisation présidée par Emmanuel Macron, le président de la république en personne.
« Joséphine Baker portait une certaine idée de l’homme et militait pour la liberté de chacun », a déclaré Emmanuel Macron au Panthéon
Femme, noire, artiste de scène et née à l’étranger, Joséphine Baker ne sera que la sixième femme sur 80 personnages illustres entrer au Panthéon après Simone Veil en 2018.
La cérémonie a été « mémorable », avec de « la joie et de l’excitation », tout comme l’espère Brian Bouillon-Baker, l’un des 12 enfants adoptés par Joséphine Baker, dont 11 sont toujours vivants.
La voix de la comédienne Sephora PONDI, pensionnaire de la Comédie française, retraçant la vie de Joséphine Baker a été diffusée durant toute la progression du cortège sur la rue Soufflot.
Le chef de l’État a rendu hommage à cette « artiste de renommée mondiale, engagée dans la Résistance, inlassable militante antiraciste » qui « fut de tous les combats qui rassemblent les citoyens de bonne volonté, en France comme (…) par le monde ». « Elle est l’incarnation de l’esprit français », a proclamé le chef de l’État en annonçant le 23 août son entrée au Panthéon
Le cénotaphe et les médailles de Joséphine Baker
A 18h le cénotaphe de Joséphine Baker attendait au bas de la rue. La dépouille de Joséphine Baker n’est pas dans ce cercueil, puisque sa famille a décidé de la laisser reposer dans le cimetière marin de Monaco, aux côtés de son dernier mari et de l’un de ses enfants, non loin de la princesse Grace qui l’avait soutenue dans les dernières années de sa vie. C’est donc un cénotaphe (tombeau ne contenant pas le corps) qui a été installé dans le caveau 13 de la crypte, où se trouve déjà l’écrivain Maurice Genevoix, entré au Panthéon l’an dernier.
Symboliquement, ce cénotaphe a été rempli de poignées des quatre terres chères à Joséphine Baker : sa ville natale de Saint-Louis, Paris qui l’a rendue célèbre, le château des Milandes en Dordogne où elle installa sa tribu « arc-en-ciel », et Monaco où elle a vécu les dernières années de sa vie.
« Ma mère était une idéaliste qui voulait prouver que la fraternité universelle n’était pas une utopie », a résumé Brian Bouillon-Baker sur France Inter.
Ce qu’il faut retenir du discours d’Emmanuel Macron
« Joséphine Baker mena tant de combats avec liberté, légèreté, gaieté, beauté dans un siècle d’égarement », ce sont les phrases utilisées par le président de la République pour commencer son discours en listant toutes les facettes de l’histoire de Joséphine: « Héroïne de guerre, combattante, danseuse, chanteuse, Noire défendant les Noirs, mais d’abord femme défendant les humains, Américaine et Française. »
Emmanuel Macron a voulu souligner l’engagement de Joséphine Baker pendant la seconde guerre mondiale, lorsqu’elle est entrée dans la Résistance. « Troquant les feux de la rampe pour la flamme de la Résistance, Joséphine Baker devient avant même le 18-Juin « honorable correspondante » et sert son pays au péril de sa vie », a salué le président de la République, avant de poursuivre : « Un combat pour la France libre, sans calcul, sans quête de gloire, dévoué à nos idéaux. »
Le chef de l’Etat a ensuite fait les éloges de l’engagement de Joséphine Baker lors de la Marche des libertés à Washington, en août 1963. Elle « ne défendait pas une couleur de peau », a-t-il poursuivi.
Emmanuel Macron a terminé son hommage dans un éloge à ceux qui ont vu et choisi, comme Joséphine Baker, la France comme une « promesse d’émancipation » et qui participent, selon lui, à « nous rappeler à tous, pour nous rappeler à nous-mêmes, qui mettons quelquefois tant d’entêtement à vouloir l’oublier, l’insaisissable beauté de notre destin collectif ».
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