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Ifeoma Ozoma dévoile des secrets choquants sur Pinterest

par Dimitri S. François
Ifeoma Ozoma brise la clause de confidentialité chez Pinterest et révèle de nombreux secrets

Ifeoma Ozoma, spécialiste américaine des politiques publiques sur le secteur des nouvelles technologies, est née à Anchorage. Elle est la fille de deux immigrés nigérians. Diplômée en sciences politiques de l’université de Yale, elle a travaillé pour Google au bureau de Washington D.C., avant de rejoindre l’équipe des relations internationales de Facebook. Elle s’est fait connaître en juin 2020 en révélant sur Twitter sa victimisation au sein des bureaux de Pinterest, de diverses formes de menaces, de représailles, de discriminations racistes et sexistes.

« Je ne devrais pas partager cette histoire, mais voilà » écrivait-elle alors « Pinterest vient de déclarer sa « solidarité » avec Black Lives Matter. Quelle blague ! »

C’est un risque énorme que prit en réalité l’ancienne chargée des relations publiques et des relations avec le gouvernement du réseau social américain, comme le rappelle le New York Times. Car elle brisait ici la fameuse clause de confidentialité qu’elle avait – comme tout employé – dû signer.

Cette clause permet aux employeurs de s’assurer que leurs salariés ne diront jamais rien de négatif à leur égard, de ne rien divulguer sur ce qui se passe entre leurs murs et ils devront la respecter aux risques de non seulement se retrouver au chômage mais aussi sans couverture maladie. Cette confidentialité s’étend parfois au-delà de la durée du contrat et peut se combiner avec une « clause de non-concurrence post-contractuelle ».

Ifeoma Ozoma : seule contre tous chez Pinterest

Les révélations d’Ifeoma Ozoma sont affligeantes pour Pinterest. Il y eut d’abord le doxing par un de ses collègues : pratique qui consiste à divulguer des données personnelles sur l’identité et la vie privée d’un individu dans le but de lui nuire.

Ce dernier n’avait pas apprécié qu’Ozoma suggère à la société d’ajouter un avertissement de contenu aux messages d’un commentateur politique d’extrême droite proche des suprématistes blancs. Le collègue froissé avait donc publié le nom, le téléphone, les données personnelles d’Ifeoma Ozoma sur des sites extrémistes, qui avait par la suite reçu des menaces de mort.

Outrée, Ifeoma Ozoma a porté plainte mais Pinterest n’avait pas cru bon d’intervenir. Elle n’avait eu aucun soutien de leur part et ils n’ont même pas pris la peine de s’opposer à l’harceleur d’Ozoma. Elle a aussi révélé plus tard qu’elle subissait déjà à l’époque diverses formes de traitements discriminatoires, refus de promotion, inégalités de salaire par rapport à des collègues blancs, allusions sexistes et autres humiliations.

Création de la loi « Silenced No More »

Dans l’entreprise, certains n’ont jamais apprécié cette nouvelle recrue qui s’opposait farouchement aux contenus éditoriaux douteux relayés jusqu’ici indifféremment par le réseau social. Elle avait ainsi convaincu Pinterest de ne plus publier certains messages conspirationnistes bourrés d’infox sur le Covid.

Critiquée par l’un de ses supérieurs hiérarchiques, qui essayait de la blâmer en faisant acte de mauvaise foi sur ce sujet, elle démissionna de son poste au printemps 2020, et déposa plainte auprès du California Department of Fair Employment and Housing (DFEH), pour « traitement discriminatoire de salaire en raison de sa couleur de peau ». Elle recevra moins d’un an d’indemnités de la part de son employeur.

Quelques mois plus tard, une autre femme, Françoise Brougher, obtient pour sa part un dédommagement de 22,5 millions de dollars de Pinterest dans le cadre d’une poursuite pour discrimination fondée sur le genre. Une forme insidieuse de racisme, s’offusquent alors de nombreux acteurs de l’industrie des nouvelles technologies.

Par la suite, un mouvement est créé, a grandi puis ensuite s’est amplifié, incitant d’autres victimes à porter plainte contre Pinterest pour des motifs similaires.

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Ifeoma Ozoma et Aerica Shimizu Banks / Business Insider

Mais c’est à leur avocat Peter Rukin que les victimes – dans ce cas-ci Ifeoma Ozoma et Aerica Shimizu Banks – doivent leur plus grand accomplissement : la loi « Silenced No More ». Celui-ci les a conseillés la modification de la loi.

La loi californienne ne reconnaissait pas jusque-là les discriminations raciales comme motif de rupture légitime d’une clause de confidentialité, d’où la très maigre compensation obtenue. Les deux femmes contactèrent une sénatrice démocrate de l’État de Californie, Connie Leyva. Le trio se mit ensuite au travail et surgisse rapidement avec un projet de loi signé par le gouverneur de l’État, Gavin Newsom : Loi qui vient tout juste de prendre effet ce premier janvier. La loi « Silenced No More Act » est entrée en vigueur. Les salariés discriminés peuvent désormais briser les clauses de confidentialité imposées par les géants de la tech.

« Cette femme est extraordinaire. Elle a vécu des expériences douloureuses mais elle a réussi à les transformer en solutions inédites pour elle-même et pour tous ses confrères. Je dirais même qu’elle est l’initiatrice d’un véritable mouvement ». Déclara John Tye, avocat.

Plusieurs commentateurs en voient d’ores et déjà les conséquences, John Tye nous ayant par exemple confié qu’il constatait « une augmentation sans précédent des initiatives de whistleblowing dans le secteur en Californie, depuis le début de l’année ».

« Silenced No More » : un combat qui porte des fruits

Après les révélations de 2020, Ifeoma Ozoma a quitté la Silicon Valley pour s’installer à Santa Fe, Nouveau-Mexique. Elle continue depuis là-bas à défendre les travailleurs de la tech.

Plusieurs combats suivirent grâce à ce mouvement et beaucoup furent remportés ; dont cette victoire retentissante contre Apple en septembre 2021 qui force dorénavant la boîte à inclure dans ses contrats de travail un paragraphe indiquant que leurs employés « pourront discuter ou divulguer des informations sur des actes illégaux sur le lieu de travail, tels que le harcèlement ou la discrimination ».

Ifeoma a aussi créé le site web « Tech Worker Handbook », site qui offre aux travailleurs des conseils sur la façon de signaler les mauvais traitements infligés par leurs employeurs, de naviguer dans les accords de non-divulgation, se protéger contre la surveillance de l’entreprise ou les menaces physiques.

« Il est vraiment triste que nous ayons encore un tel manque de responsabilité au sein de l’industrie de la technologie, » A déclaré Ifeoma Ozoma dans une interview. « Et que des individus soient obligés de prendre la parole pour que cela change. »

Source : LADN

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